Souvenirs d'étés sans destination

J’ai toujours aimé les récits sur l’errance. Sur le fait d’errer, physiquement, mentalement, culturellement. Ce que ça veut dire de n’avoir rien d’autre à faire que traîner, tourner, chercher sans but. Peut-être parce que je viens d’un endroit, d’un moment, où on n’avait pas d’adultes pour pleurnicher H24 sur notre avenir. On était juste là, désœuvrés. Alors on errait.

Mes plus grands souvenirs d’été, ce ne sont pas des voyages ou des projets : c’est l’errance. Avoir le droit d’errer. D’exister sans direction, sans compte à rendre.

Et puis j’ai continué à errer. Mais plus gravement. Avec les risques que ça suppose. Avec les conséquences concrètes. Mais aussi avec l’agrandissement que ça permet. L’errance te fait traverser des mondes, des seuils. T’apprends des choses que tu n’aurais jamais pu apprendre dans un parcours linéaire.

Errer, ce n’est pas fuir. C’est survivre autrement. C’est aussi désobéir à ce qu’on attend de toi. Et parfois, c’est devenir plus vaste.